Amandine Bernhard, Analyste Senior en Énergie et Durabilité Kenza Ariouat, Analyste Senior en Énergie et Durabilité Anne Habte, Consultante Senior en Énergie et Durabilité

BREEAM : un outil en phase avec les normes environnementales françaises

Le BREEAM « Building Research Establishment Environmental Assessment Method » utilise une approche flexible et holistique, qui prend en compte l’énergie, le carbone, la santé et le bien-être, l’eau, les matériaux et les déchets, afin de créer des bâtiments sains, confortables et performants pour les propriétaires, les occupants et les investisseurs [1]. La certification BREEAM est un gage de qualité du bâtiment qui met en exergue une conception et une mise en œuvre pensées pour minimiser l’impact sur l’environnement et pour durer dans le temps. 

Au fil des années, nous constatons que nos clients engagés dans le processus de certification BREEAM adhèrent à un cercle vertueux d’améliorations et d’innovations permanentes pour aller au-delà des pratiques habituelles. 

Avec l’arrivée de standards environnementaux de plus en plus exigeants, le BREEAM s’aligne et constitue aujourd’hui une base stratégique et technique pertinente pour se mettre au niveau des réglementations en vigueur en France dans les projets de nouvelles constructions et rénovations lourdes.  

Nous identifions deux jalons réglementaires clés pour les bâtiments tertiaires qui sont la mise en conformité via le processus de permis de construire (RE2020, Loi Climat et Résilience, Projet de loi et Loi LOM), et l’application des décrets en phase opérationnelle (Décret tertiaire, et Décret BACS).

 

La certification BREEAM au stade d’avant-projet et en phase de conception

Au stade d’avant-projet, intégrer le processus de certification BREEAM dès la programmation, augmente les chances de soumettre un PC conforme aux réglementations environnementales et aux objectifs de durabilité.  En effet, les bonnes pratiques exigent la définition des objectifs et la mise en place d’une planification claire au commencement de sa programmation, au risque de passer à côté de ses ambitions et, in fine, « exploser » son enveloppe budgétaire. Le BREEAM, dans son approche, encourage la planification et l’organisation des objectifs de durabilité.

Pour cadrer l’avant-projet, le référentiel valorise la rédaction d’un cahier des charges de durabilité faisant état des objectifs et cibles en matière de durabilité, des délais et budget, des parties prenantes et des contraintes. Dans un second temps, il recommande l’implication d’un champion de la durabilité, dès l’esquisse, pour se faire conseiller et accompagner. Celui-ci pourra piloter la définition d’objectifs de durabilité réalistes, en offrant le meilleur compromis entre performance et coût. Il pourra ensuite, engager un suivi de la mise en œuvre des actions pour atteindre les objectifs de durabilité fixés en agissant tout au long du projet. Enfin, en intégrant une démarche de planification comme la certification BREEAM le propose, le projet est cadré par un calendrier cohérent et précis dont l’évaluateur BREEAM assure le respect en temps. Ce planning est important pour réaliser les études environnementales aux échéances qui permettront d’en tirer un bénéfice maximal.

Le BREEAM valorise les développements de projets sur des valeurs et des moyens communs aux réglementations. En effet, la RE2020 [2] met en valeur les actifs possédant une bonne performance énergétique notamment des bâtiments à énergie positive. Par ailleurs, elle ambitionne de diminuer l’ensemble des émissions du bâtiment sur son cycle de vie, en imposants des valeurs seuils aux résultats des analyses de cycle de vie. Le tout, pour favoriser l’émergence d’environnements adaptés aux conditions climatiques futures en poursuivant l’objectif de confort en été et en hiver.

De la même manière, le BREEAM accorde sa plus grosse pondération à la catégorie énergie qui valorise la performance énergétique du bâtiment en se basant sur un CEP représentatif dont la consommation en énergie primaire (CEPmax) est limitée. Pour cela, il donne du sens au performance de l’enveloppe thermique soit le clos et le couvert, avec l’intégration des notions bioclimatique et l’analyse du coefficient Bbio en proposant des systèmes de production d’énergie à haut rendement.  Il requiert la réalisation d’une ACV pour orienter le développement vers des matériaux moins carbonés, en alternative aux solutions classiques. Enfin, il valorise l’optimisation du confort thermique des usagés grâce à une conception résiliente, définie sur la base d’une étude d’adaptation des risques physiques climatiques, et d’une étude de confort thermique.

Au-delà de la nouvelle réglementation énergétique en vigueur, les lois viennent préciser certaines ambitions du gouvernement. La loi Climat et Résilience [3] impose une valorisation de la toiture des bâtiments tertiaires via une végétalisation ou une installation d’énergies renouvelables sur sa surface. Dans la même logique, l’article 11 du projet de loi [4] relatif à l’accélération de la production d’énergies renouvelables devrait entraîner l’imposition progressive d’ombrières photovoltaïques, sur les parcs de stationnement extérieurs d’une superficie supérieure à 1500 m², sur au moins 50% de cette superficie. La loi d’Orientation des Mobilités [5] vient, quant à elle, valoriser les modes de transports alternatifs en imposant une quantité définie de places de parking pré-équipées en bornes de recharge électrique. Le BREEAM s’aligne à ces lois en valorisant le pourcentage de toiture végétalisé d’un point de vue de l’écologie du site et de l’augmentation de la surface perméable. La part d’autoconsommation des panneaux photovoltaïques est, quant à elle valorisée, au même titre que les installations pour bornes électriques.  

 

La certification BREEAM en phase d’exploitation

En phase d’exploitation de nouvelles réglementations s’appliquent. Nous constatons qu’en anticipant ces obligations, dès la phase de conception, les surcoûts liés à la mise en conformité restent limités et les occupants sont intégrés dès l’achèvement dans une démarche écoresponsable.

L’application du Décret Tertiaire[6], qui impose un objectif de réduction de 60% des consommations d’énergie final de l’ensemble du parc tertiaire d’ici 2050, est anticipée par le BREEAM. Pour atteindre cet objectif, plusieurs leviers d’actions sont possibles : améliorer la performance énergétique du bâtiment, mettre en place des dispositifs de contrôle et de gestion des équipements, et influencer le comportement des occupants. La certification agit sur ces trois leviers.

Dès l’APS, l’équipe de conception est impliquée dans un atelier axé sur la prévision de la consommation d’énergie opérationnelle. Une modélisation énergétique intégrant différents scénarios d’occupation et une analyse des risques identifiant l’ensemble des risques relatifs à une potentielle surconsommation sont effectuées ; ceci afin d’anticiper tout écart entre les consommations prévues et les consommations réelles du bâtiment.

Le BREEAM encourage également le déploiement de mesures de conception passives qui réduisent la consommation d’énergie et la dépendance envers les systèmes mécaniques. Une analyse du site du bâtiment, en phase d’avant-projet, identifie les opportunités de mise en œuvre de solutions de chauffage, refroidissement et ventilation naturelle.

Pour en savoir plus sur la réduction des consommations grâce à la conception passive, consultez l’article « Conception passive : vous assurer le confort sans consommer d’énergie » rédigé par notre expert Tom Sutherland.

De plus, le processus de mise en service est planifié par une démarche de commissionnement. Les actions à suivre en matière de conception, réalisation et mise en service des installations techniques sont définies et un contrôle des niveaux de performance atteints par les équipements installés est réalisé.

Cette performance est maintenue en phase opérationnelle. Les douze premiers mois d’occupation, un commissionnement saisonnier permet de tester régulièrement l’efficacité des équipements techniques et de palier aux écarts de performance. A cela s’ajoute la mise en place d’un suivi des données de consommation du bâtiment ; ceci afin de garantir une exploitation conforme à l’intention de conception.

Le décret BACS (Building Automation & Control Systems), vient assister le Décret Tertiaire en imposant l’implémentation d’un système d’automatisation et de contrôle des bâtiments (GTB/GTC), d’ici le 1er janvier 2025 pour les bâtiments tertiaires dont les systèmes techniques ont une puissance nominale supérieure à 290 kW. Il inclut le suivi des consommations des installations de chauffage, des systèmes de climatisation, des systèmes combinés de chauffage et de climatisation et des systèmes de ventilation. Cette dernière mesure va de pair avec l’incitation du BREEAM à mettre en place des compteurs d’énergie et d’eau connectés à un système de surveillance et de gestion. Ceux-ci pourront gérer indépendamment les données par poste de consommation, et par locataire.

Le Décret Tertiaire, qui établit une obligation de résultats, laisse la liberté de décider des moyens à mettre en place pour atteindre les objectifs de réduction fixés. Toutefois, l’implication des locataires est indispensable à la pérennité de cette démarche. Le BREEAM reconnaît l’importance du rôle des occupants. La planification de réunions de formations pour familiariser les usagers aux systèmes en place et à la façon de les faire fonctionner en adéquation avec les objectifs de performance fixés, ou encore, la fourniture, à plus long terme, d’un service d’assistance aux utilisateurs et gestionnaires, sont tout autant de mesures visant à inciter les occupants à adopter un comportement écoresponsable.

Ainsi, les certifications BREEAM propres aux projets de nouvelles constructions et de rénovations lourdes sont un outil puissant d’évaluation de la performance environnementale des actifs immobiliers. En s’alignant, dès l’esquisse, aux réglementations environnementales actuelles, le BREEAM facilite leur implémentation et participe à l’atteinte des objectifs d’efficacité énergétique et de réduction de l’impact environnemental du secteur de l’immobilier.

 

 

Chez Longevity Partners, nous pouvons vous soutenir à chaque étape de votre certification BREEAM, depuis la phase de conception jusqu’à l’étape de mise en service en vous accompagnant dans la définition et la mise en place des objectifs environnementaux les mieux adaptés à votre projet. Vous trouverez plus d’informations sur nos services ici.

 

Références : 

[1] https://bregroup.com/products/breeam/

[2] https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000043877196/2023-01-31/

[3] https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000043956924/2023-01-31/

[4]  https://www.senat.fr/leg/pjl22-235.html

[5] https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000039666574/2023-01-31/

[6] https://www.ecologie.gouv.fr/eco-energie-tertiaire-eet

https://www.edf.fr/entreprises/le-mag/le-mag-entreprises/decryptage-du-marche-de-l-energie/tout-savoir-sur-le-decret-tertiaire-obligations-et-solutions-pour-reduire-vos-consommations-d-energie

 

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