18 mai 2021
On estime généralement que nous passons environ 90 % de notre vie à l’intérieur (World Health Organization). Pendant la pandémie actuelle de COVID-19, nous pouvons tous attester que ce pourcentage a malheureusement augmenté.
Les lieux où nous vivons sont devenus à la fois notre maison, notre bureau, nos écoles, notre salle de sport, et plus encore. Si le fait d’être chez soi a joué un rôle essentiel dans la protection de notre santé contre la propagation du virus, nos maisons ne sont pas toujours propices à notre bien-être. Les rapports de l’Environmental Protection Agency (EPA) ont prouvé que l’air à l’intérieur des bâtiments tend à être beaucoup plus pollué que l’air extérieur, en particulier dans les grandes villes industrialisées (United State Environmental Protecion Agency).
Bien que cette idée puisse-t-en faire hyperventiler certains, elle soulève néanmoins des questions cruciales : ma maison ou mon lieu de travail peuvent-ils avoir un impact sur la façon dont je me sens ? L’air que je respire est-il propre ? Qu’en est-il de mon eau ? Les lumières sont-elles trop vives ? Les niveaux de bruit sont-ils trop élevés ?
La grande majorité ne sera pas en mesure de répondre à ces questions par elle-même, mais la plupart voudront des réponses lorsqu’ils retourneront sur leur lieu de travail.
Les travailleurs présentent désormais de hautes et fermes exigences vis-à-vis de leur lieu de travail. Ce dernier doit, entre autres, assurer leur sécurité. Les coûts de personnel, y compris les salaires et les avantages sociaux, représentant généralement environ 90 % des coûts d’exploitation des entreprises (WELL), la santé, le bien-être et, de fait, la productivité de ses utilisateurs sont rapidement devenus une priorité de l’ordre du jour des entreprises. De nombreuses études soutiennent les avantages des structures de santé et de bien-être, notamment en termes d’attraction et de rétention des talents tout en diminuant l’absentéisme à travers l’instauration d’un environnement plus sain. Ainsi, les investisseurs ont rapidement fait le choix d’implanter ces structures, observant une rente bien supérieure à leurs coûts. L’énergie et le loyer ne représentant plus que les 10 % restants des coûts d’exploitation des entreprises, il est force de constater que les bâtiments efficients ne suffisent plus.
Cela fait près de dix ans que les bâtiments sains représentent une tendance constante dans le secteur de l’immobilier, mais l’introduction de normes spécifiques en matière de santé et de bien-être, telles que les normes WELL Building et Fitwel, ont créé des structures bien conçue, et facilement intégrable dans la conception, la construction et l’exploitation des bâtiments. D’autre part, au vu de l’intérêt croissant des investisseurs pour l’évaluation de la performance de leurs portefeuilles immobiliers par le biais de programmes tels que le GRESB, l’introduction de modules de santé et de bien-être a confirmé la valeur des opportunités créées par la mise en œuvre réfléchie de politiques axées sur l’amélioration de la santé et du bien-être des occupants des bâtiments (Green Health Partnership).
WELL comprend une série d’offres, dont la norme WELL pour les bâtiments, ainsi que le classement WELL en matière de santé et de sécurité et le portefeuille WELL. La norme a été créée par l’International WELL Building Institute (IWBI) et attestée par un tiers, le Green Business Certification, Inc (GBCI). Rigoureuse et riches d’exigences précises pour chaque caractéristique, elle peut être utilisée pour un bien seul, un portefeuille d’actifs, ou au niveau organisationnel (WELL).
Fitwel, créée et administrée par le Center for Active Design, comprend des évaluations subjectives des politiques au niveau du bâtiment et repose sur des évaluations autodéclarées. Le programme offre une certification ponctuelle sans contrôle continu (Fitwel).
Les normes WELL et Fitwel sont toutes deux attribuées des points pour la notation GRESB d’un portefeuille, bien que seule WELL gagne des points complets pour les indicateurs de certification des bâtiments du GRESB (WELL).
Les tueurs invisibles
Outre la surveillance des domaines les plus évidents que sont l’air, l’eau et les matériaux d’un bâtiment, les politiques de santé et de bien-être portent sur des domaines moins évidents pour les concepteurs. Elles comprennent, par exemple, des menus proposés à la cantine, des technologies portables permettant de surveiller les mouvements et le sommeil des occupants, des plans de gestion du stress et des politiques de maternité/paternité. En particulier, deux sources souvent sous-estimées, les niveaux de bruit élevés et le mauvais éclairage, ont de nombreux effets néfastes sur la santé, qui peuvent être particulièrement pertinentes lorsque nous nous retrouvons confinés dans des espaces restreints – parfois toute la journée
Bruit
Selon WELL, ce n’est qu’au cours des dernières années que l’exposition à des sources de bruit, telles que le trafic et les transports quotidiens, ont été considérées comme des nuisances à la productivité, à la concentration, à la mémoire et à la santé mentale des occupants. Certaines solutions peuvent inclure la planification et la mise en service d’un système CVC isolé et équilibré, le renforcement des éléments de façade, l’ajout de masse et de vitrage aux éléments de séparation et le remplacement des surfaces dures dans un espace par des matériaux absorbants. Ces mesures peuvent réduire l’énergie sonore réfléchie et faciliter l’isolation phonique ou, à l’inverse, améliorer la projection de la parole. Une autre alternative consiste à introduire des niveaux de bruit de fond constants dans un espace à l’aide d’un système de masquage sonore, améliorant ainsi le rapport signal/bruit en faveur de l’intimité acoustique entre les occupants (WELL).
Éclairage
L’éclairage a fait l’objet de nombreuses recherches sur les liens entre l’augmentation du temps passé à l’intérieur et la dérégulation de nos rythmes circadiens (nos horloges internes qui synchronisent les fonctions physiologiques sur un cycle d’environ 24 heures), provoquant anxiété, dépression, stress et insomnie, tous liés à une diminution des niveaux de productivité. Comme indiqué dans la norme WELL, actuellement, les conditions d’éclairage dans la plupart des espaces sont conçues pour répondre aux besoins visuels des individus mais ne tiennent pas compte de la santé circadienne et mentale. L’intégration de la lumière du jour et de la lumière électrique pour créer des stratégies d’éclairage axées sur le bien-être, parallèlement aux exigences traditionnelles d’acuité visuelle et de confort, peut conduire à des environnements plus sains et plus productifs (WELL).
L’avenir de la santé et des bâtiments
L’industrie du bien-être a été prédite comme étant le prochain marché à atteindre mille milliards de dollars par McKinsey en 2012 (McKinsey & Company). Après la pandémie, la mise en œuvre de programmes de santé et de bien-être se doit de devenir une norme industrielle pour gérer les maladies contagieuses et non contagieuses, y compris certaines maladies endémiques de notre époque comme les maladies cardiaques et les maladies mentales. La pandémie a confirmé la nécessité d’un lieu de travail évolutif, un lieu qui soutient la créativité, la résolution de problèmes et le développement d’idées nouvelles. Les outils de santé et de bien-être modifient l’espace actuel, offrant de nouvelles expériences sensorielles qui incarneront la marque et la culture de l’entreprise. Cela se traduira directement par une valorisation des bâtiments en fonction de leur capacité à améliorer la santé et le bien-être des personnes. Il est temps d’arrêter de concevoir des bureaux, mais plutôt de concevoir des expériences de bureau.