RE2020 : à quoi s’attendre ?

Par Myriam Busch

Enfin ! Les premières informations sur la RE2020, nouvelle règlementation environnementale, viennent d’être publiées par le Gouvernement. Longtemps attendue, cette réglementation ambitieuse (faisant suite à la RT2012) présente des enjeux d’avenir importants pour les nouvelles constructions en France. Quels sont-ils ?

Que faut-il en retenir ?

Comme son changement de nom l’indique, la RE2020 ne prend plus seulement en compte des indicateurs énergétiques mais également des indicateurs carbones. Une mesure plus que prévisible puisque la réglementation avait été préparée par le label E+C- qui inclut l’empreinte carbone du bâtiment dans son processus d’évaluation. Les points clés à retenir de ce premier communiqué sont :

1. La valeur Bbio (besoin bioclimatique) renforcée de 30% avec l’intégration d’un Bbio froid

2. Un seuil maximal en kgCO2 équivalent/m2/an pour la consommation d’énergie du bâtiment à l’utilisation

3. Un seuil maximal en kgCO2 équivalent/m2 sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment

4. Un seuil maximal de consommations énergétiques non-renouvelable

5. Un seuil maximal de confort d’été en degré.heure basé sur un scénario pessimiste (canicule 2003) ainsi qu’un seuil bas à partir duquel seront intégrées des pénalités dans le process.

Nous observons donc un certain nombre de changements par rapport à la RT2012 basée elle, sur seulement 3 critères : le besoin bioclimatique, la consommation maximale en énergie primaire et la température maximale à ne pas dépasser sur 5 jours consécutifs pour le confort d’été.

Qu’est-ce que cela signifie ?

Conception bioclimatique

En résumé, ces nouveaux critères vont pousser les acteurs de l’immobilier à optimiser davantage la conception bioclimatique des bâtiments, c’est-à-dire à maximiser l’apport en chaleur provenant du soleil en hiver, le minimiser en été et maximiser l’apport d’éclairage naturel. Ceci est possible grâce à une disposition stratégique du bâtiment dans son environnement et une utilisation de matériaux performants. Cela permet de diminuer la consommation énergétique du chauffage, du refroidissement, et de l’éclairage.

Energie décarbonée

De plus, l’indicateur carbone associé à la consommation d’énergie lors de l’utilisation du bâtiment va promouvoir l’usage d’énergie décarboné ce qui va éliminer peu à peu les installations fonctionnantes au gaz qui, en France, est une énergie jusqu’à 10x plus carbonée que l’électricité.

Matériaux

Aussi, l’intégration de l’analyse carbone sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment va favoriser l’utilisation de matériaux biosourcés issus de matière organique renouvelable (bois, liège, chaume, paille…) et/ou des matériaux mixtes. Aucune information n’a cependant été délivrée quant à l’utilisation de matériaux recyclés, néanmoins nous pouvons espérer que cela sera pris en compte dans la méthode d’analyse du cycle de vie. Cette mesure va également améliorer la traçabilité et la disponibilité des informations environnementales sur les matériaux et équipements utilisés dans le bâtiment. De plus, combiné à l’exigence bioclimatique ce point va insuffler sans aucun doute l’apparition d’innovations dans les processus, dans les matériaux, et dans les installations énergétiques.

Energie renouvelable

L’utilisation d’énergie renouvelable sera, à priori et dans un premier temps, non obligatoire, mais un seuil maximal de consommation d’énergie non renouvelable sera tout de même à respecter. Ce qui va sans aucun doute pousser dans plusieurs cas à l’installations de production d’énergie renouvelable sur site et dans d’autres cas favoriser l’achat d’énergie renouvelable.

Confort thermique

Le confort d’été sera plus strict que précédemment avec une nouvelle unité de mesure en degré.heure, et sera également amélioré par la conception bioclimatique qui prendra en compte un indicateur de refroidissement. Cela va donc améliorer le confort thermique de l’occupant dans le bâtiment en supposant que des épisodes de canicule se manifesteront de plus en plus souvent avec le dérèglement climatique observé mondialement.

Comment l’appréhender ?

Bien sûr, c’est toute la chaine de l’immobilier qui est impactée par cette nouvelle réglementation comme cela avait déjà été le cas avec la RT 2012. Ces nouvelles modalités vont demander plus d’efforts à la fois financiers et dans les processus, pour construire des bâtiments performants avec une empreinte carbone diminuée. En effet, la façon de concevoir le bâtiment va changer et demande une prise en compte de l’impact carbone du bâtiment dès le début. Néanmoins, la mise en place de cette réglementation n’est pas vraiment une surprise puisqu’elle s’inscrit en toute logique dans la stratégie environnementale du gouvernement, notamment en accord avec la Stratégie Nationale Bas Carbone qui fixe à moyen court terme les objectifs pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

Précédemment, les acteurs avaient pu se préparer à un renforcement des exigences avec notamment le label E+C- qui constituait un indicateur majeur de la trajectoire réglementaire. Désormais les enjeux environnementaux et climatiques sont bien trop urgents et décisifs pour ralentir les mesures à prendre collectivement. En effet, le secteur du bâtiment qui représente environ ¼ des émissions CO2 en France doit prendre sa place dans cette tendance. C’est pourquoi la RE 2020 a fait l’objet d’une longue concertation avec des acteurs et des professionnels de l’immobilier expérimentés. Cette tendance se confirme d’ailleurs avec d’autres mesures telles que le décret tertiaire, concernant la réduction des consommations énergétiques des bâtiments tertiaires existants.

Toutefois, il faut souligner que la RE2020 ne prend pas en compte la façon dont l’occupant va utiliser le bâtiment, ce qui influe également très largement sur les consommations d’énergie. Elle ne prend pas non plus en compte d’autres impacts environnementaux du bâtiment tels que le transport des occupants, la biodiversité ou encore d’autres types de pollutions. Il est donc nécessaire de continuer à coupler la réglementation avec des outils et des méthodologies qui permettent de prendre en compte ces aspects.

En effet, le réel défi de la RSE de l’immobilier est d’aller au-delà de la réglementation pour englober d’autres aspects environnementaux et sociaux. Pour ce faire, un large choix d’outils et de meilleures techniques sont à disposition comme les labels, les certifications environnementales, de santé et de bien-être du bâtiment, ou encore des certifications de management environnemental et/ou énergétique. Ce sont des outils qui permettront non seulement d’intégrer plus facilement ces nouvelles modalités mais en plus qui fournissent une stratégie structurée.

Longevity Partners possède plus de 10 ans d’expérience cumulée dans la mise en conformité des bâtiments et accompagne plus de 80 clients dans leur transition énergétique et programmes de RSE. La mise en conformité à la RE2020 s’inscrit dans une démarche de résilience et de responsabilité pour le domaine du bâti en France. Leader européen, Longevity Partners accompagne les acteurs de la transition environnementale dans leur compréhension et application des nouvelles réglementations ainsi que dans leurs stratégies RSE globales.

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